Entrez! (libre et ouvert à tous)

Le soleil venait à peine de se lever. Que c’était beau … Il était assit sur un toit. Le propriétaire de ce toit n’avait aucune importance aux yeux de Pan, c’était juste un humain de toute façon.

Il était resté là une jambe dans le vide, l’autre repliée contre son corps, toute la nuit. Celle-ci avait été plutôt calme, pourtant, il n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Il avait passé des heures à observer. Observer la nature ; il avait même entendu une fois, le hurlement d’un loup. Etait ce un de ses pairs ? Il ne savait pas. Il était resté là, debout, droit comme un i, à la écouter sans pouvoir y répondre.  Des fois, quelques frissons parcouraient son échine, il aurait bien voulu abandonner sa vie, s’abandonner lui-même et devenir un lycan sauvage, tentant de survivre, vivant au jour le jour sans responsabilités. Tout ceci était un rêve, le sien.

Mais les rêves étaient destinés à hanter son esprit seulement quand le soleil finissait sa course stellaire et laissait la place à sa cousine nocturne, il ne pouvait pas se permettre de rêver en plein jour.  Alors il passa une main dans ses longs cheveux noirs et sauta du toit.

Il était seul dans la rue, les gens dormaient encore. Alors il chassa d’un geste de tête la mèche cachant le côté droit de son visage pour laisser le soin à son deuxième œil d’embrasser cette vue. D’ailleurs cet œil ne lui renvoya qu’une image trouble du paysage urbain devant lui, il soupira. Etait-il condamné à ne jamais retrouver une vue parfaite de son œil droit ? Arriverait-il à le cacher encore longtemps ?

Tant de questions se bousculaient dans sa tête, remuaient et se mélangeaient. Les remous qu’elles provoquèrent  soulevèrent la vase de ses souvenirs et comme il avait pu s’y attendre, son passé ressurgi.

Il sentait encore, quelque fois quand il y pensait, la morsure de son père lui déchirer la gorge, il sentait encore le souffle brûlant de son haleine lorsque son croc avait déchiré son œil, le laissant à moitié borgne. Pan soupira légèrement, des fois il se sentait chanceux d’avoir pu échapper à la mort, son père avait frappé trop maladroitement, la morsure n’avait pas percé la jugulaire.

Il arriva devant les portes de l’académie et cacha aussitôt son visage, remettant sa chevelure en place. Les mains dans les poches, il se devait d’être calme. Il avait fini par s’habituer à cette nouvelle vie, son travail. Mais des fois, son ancienne vie, celle qui avait fait de lui l’homme qu’il tentait de ne plus être à présent, ressurgissait et tentait de l’affronter, car tôt ou tard on se rend compte que l’on a besoin de son passé et que quoi qu’on fasse, lui et les souvenirs nous rattrape toujours. Le temps est une notion plus rapide que les Hommes. C’est une notion que l’on ne peut ni arrêter, ni ralentir, ni accélérer. On peut juste se contenter d’essayer de suivre, de ne pas être à la traine, de ne pas regretter ce qu’on pensait, ce qu’on voulait faire, ce qu’on croyait faire, ce qu’on a fait, ce qu’on voulez ne pas faire, ce qu’on croyait ne pas faire, ce qu’on a pas fait.

Il marchait presque sans s’en rendre compte, ses pas le guidaient, il leur faisait confiance. Mais pour le coup, il fut contraint de s’avouer surpris lorsqu’il tomba devant le bureau d’Akira. C’est vrai qu’elle l’avait fait demander la veille, mais il ne s’attendait pas à s’y retrouver dès l’ouverture de l’académie.
Il ne savait pas pourquoi mais quelque chose l’avait intrigué dès que leur regards rouges sang c’était croisés. Quelque chose avait accroché l’unique œil capable d’observer correctement. Il n’y avait plus pensé mais le fait de se retrouver devant son bureau lui rappela cette sensation.

Cela ne pouvait pas être de l’amour, non. Il savait que ressentir de telle chose ne lui arriverait sans doute jamais. Non, c’était plutôt une sorte d’adversité, après tout, c’était une vampire, mais il avait le même regard… Si éloigné et pourtant si proche, ils n’étaient pas si différent que ça. Pourquoi ? Parce que l’une était née vampire et que l’autre s’était fait sauvagement mordre par son père. Après tout, ils étaient les mêmes, ils avaient simplement pris des chemins différents.

Il soupira avant de toquer, il n’eut pas à attendre longtemps, il entendit sa réponse. Il prit une inspiration avant d’entrer. Elle lui intima de s’asseoir, il le fit après une légère hésitation, comme si la chaise allait le mordre.

Il s’assit, baissa les yeux puis finit par les lever vers elle
- Vous vouliez me voir.

« Je ne vous mentirais pas et je peux vous assurer que je ne frappe que les élèves. »


Tiens ? L’humour ça ne lui ressemblait pas. Ainsi Killian avait menti ? C’est vrai qu’entre lui et Pan ce n’était pas le grand amour, il trouvait le professeur tellement supérieur …

Alors il passa sa main derrière la mèche de cheveux lui cachant un côté du visage, sans l’écarter. Triturer sa cicatrice était une manière de s’amuser chez lui. Il fallait qu’il se fasse mal. Ca faisait partie de son code génétique. C’était presque vital, comme une sorte d’auto torture, de vengeance.
Mais pourquoi … ?

Il soupira et plongea son œil valide dans ceux de la directrice, comme pour appuyer ses propos

« Ce ne sont que des rumeurs, vous me surprenez à y porter autant d’importance »


Ce n’était plus de l’humour, il commençait à se mettre en colère, il n’aimait pas que l’on complote contre lui. Et encore moins que le complot arrive jusqu’aux oreilles de la directrice.
Tsss … Il n’avait pas encore frappé Killian, mais ça ne saurait tarder.

Alors il se leva. Pan avait plus de la vingtaine, mais son cerveau était toujours conditionné dans son enfance. L’enfance qu’il n’avait pas eu, pas vécu, et qu’il essayait de vivre tant bien que mal. Alors oui des fois il aimait bien être provocateur et insolant, de toute façon Akira ne l’appréciait pas et cela se voyait dans son regard. Il y avait, malgré le fait que Pan ne lui ai jamais rien fait, comme une haine standard que se portait les deux races vampire et lycan.

« Ce sera tout ? »


Quelque chose n’allait pas chez Pan, c’était une certitude, premièrement, rien que le fait de pouvoir ne distinguer qu’un œil. On dit que les yeux sont les fenêtres de l’âme. Pan, n’avait pas de fenêtre, seulement une lucarne devant laquelle on s’assoit l’hiver pour y distinguer la tristesse des paysages engloutis par la solitude et le désespoir. En réalité, Pan faisait presque peur comme ça.

Ce qui gênait aussi chez lui c’était son attitude. Tout, semblait être calculé au millimètre. Le moindre geste, la moindre parole, rien n’était laissé au hasard, il donnait une impression de tout contrôler. Que quoi qu’il se passe, rien n’arriverait à le surprendre. C’était un sentiment un peu dérangeant. Comme un film qu’on connait par cœur. On a toujours du plaisir à le regarder mais on n’est plus surpris par le déroulement de la situation. Eh bien pour Pan c’était la même chose. La vie était devenue un film pour lui. Tout avait un début et une fin qu’il connaissait déjà. Il savait déjà comment tout cela allait finir et il s’y dirigeait avec la morne conviction que de toute façon, cela ne pouvait pas être spectaculaire. Plus maintenant qu’il connaissait chaque déplacement de chaque personne présente dans cette académie.

Il sentait le regard de la directrice sur elle, et ô combien il mourait d’envie de lui sauter à la gorge pour la serrer entre ses griffes. Ses airs de directrice parfaite l’exaspéraient à un point inimaginable.


Il détourna vivement la tête, faisant un peu valser sa mèche qui dévoila à ceux qui pouvaient s’offrir le luxe de guetter son visage, un millimètre de cicatrice, dévoilée une demi-seconde.

Ainsi c’était vrai. Même pendant un petit fragment de seconde, on avait pu apercevoir à quel point son visage avait été meurtris. Les boursouflures étaient gonflées et prenaient une teinte rougeâtre par endroit, là où il avait passé ses griffes quelques minutes plus tôt.

Son autre œil était vitreux, d’un blanc opaque presque gris, et on pouvait apercevoir au centre, comme une petite croix gonflée, ce n’était pas une tâche de naissance. C’était une trace de croc.

Qui aurait pu croire que son propre père userait ses crocs dans la peau molle et blanche de son fils né quelques minutes plus tôt ? Qui aurait pu penser que sa mère et l’infirmière présente subiraient la même chose ? Et puis surtout, qu’était devenu le père de Pan ?

Trop de questions et de souvenirs en même temps. Overdose.

Il se crispe et sa cicatrice le brûlent, il ne dit rien, ne fait rien, se contentant de rester droit comme un i, ne présentant aucune réaction corporelle aux paroles de la directrice.

D’ailleurs, même dans sa tête il ne se passait rien. Toute pensée avait déserté ses neurones. Comme si quelque chose avait disjoncté et qu’il fallait remettre le courant. Il essayait de toutes ses forces, il n’arrivait pas à penser. La fatigue sans doute

« Sans doutes … »


Ca aussi c’était tout lui, répondre oralement à des questions qu’ils se posaient lui-même mentalement. Bravo. De un il parlait tout seul, et de deux une partie n’était que mentale. Ils y avaient tous les éléments disponibles pour le prendre pour un psychopathe. Beaucoup de gens suivaient cet avis, les autres ne se prononçaient pas. Pan était tout simplement trop bizarre pour être décrit par des mots qui existaient, il fallait en inventer d’autre. D’ailleurs, certains élèves passaient des fois près de lui et l’appelaient « Double Face » ou alors « Le Cadavre » et il haïssait ça.

Il haïssait tout simplement le fait d’être incompris. Dans un monde où une personne qui avait besoin d’affection était considérée comme anormale et insultée, Pan avait du mal à trouver sa place. C’est pourquoi, il cherchait la petite étincelle qu’il aurait en regardant quelqu’un, beaucoup s’était plains du fait que le lycan avait tendance à ne pas se gêner et à fixer une personne pendant des heures, donnant l’impression de scruter son âme et son esprit.

Il revint brutalement à la réalité, une dure réalité. Et il se rendit compte qu’il ne s’était pas passé plus d’une seconde pendant qu’il réfléchissait. C’était comme un rêve. Les rêves nous paraissent durer des jours et pourtant ils ne durent qu’une seconde.

Alors il cligna de l’œil et lui fit face

« Puis je disposer ? »


Dis oui dis oui dis oui ! Il avait envie de se rouler en boule sur son matelas et de ne plus bouger. Toute la fatigue accumulée depuis quatre nuits de guet sur un toit lui était tombé sur les épaules, comme une enclume.

Il ne dormait pas souvent mais quand il en avait l’envie il ne se faisait pas prier. Mais il ne dormait que d’un œil, l’autre était occupé à surveiller. Il aimait la solitude et il n’aimait pas qu’on le dérange en plein sommeil. C’était un loup. Il fallait le laisser dormir en paix.

« Je ne vous mentirais pas et je peux vous assurer que je ne frappe que les élèves. »

La petite tentative d'humour du surveillant n'arracha qu'un sourire discret à la Directrice. Killian avait donc mentit? Elle savait que les deux hommes ne s'aimaient pas, mais aller jusqu'au mensonge? Killian le décevait profondément. Perdue dans ses pensées confuses, Akira ne remarqua pas que Pan avait parlé. Elle ne percuta qu’après quelques secondes ce qu'il venait de dire. Une colère sourde monta en elle, faisant miroiter ses yeux rouges.


« Ce ne sont que des rumeurs, vous me surprenez à y porter autant d’importance »



Prétendait il la connaitre ? Surprendre un de ses surveillant dans le mauvais sens ne lui faisait pas grand chose. Cependant elle ne put s'empêcher de ressentir un léger pincement au coeur. Ignorant ce malaise, elle offrit un sourire crispé à Pan. L'insolence du Lycan commençait un peu à lui taper sur les nerfs, mais elle tacha de rester le plus calme possible. Peter un plomb pour ça ne ferait qu’agraver les choses. 


-Prétendez vous me connaitre, Pan? Prétendez vous connaitre ce que je pense et ressent? 

Il haussa légèrement un sourcil, apparemment, son passé coulait encore à flot dans ses veines, entrainant avec lui, les ronces des mauvaises expériences qui la déchiraient lentement de l’intérieur, ressasser le passé n’était pas une bonne chose, Pan le savait plus que tout. Alors il se retourna vers la directrice et s’approcha d’elle. Il devait la dépasser de deux bonnes têtes. Il baissa les yeux vers elle et lui offrit un regard de son seul œil valide, un regard à la fois effrayant un rassurant, un regard pénétrant. Un regard à la fois indéchiffrable et clair comme de l’eau de roche. Peut être que son autre œil aurait pu apporter des précisions à ce regard mais il était caché sous cette mèche de cheveux qui donner envie de l’écarter pour pouvoir enfin le fixer. Regarder Pan, le vrai, dans les yeux.
Il baissa légèrement la tête, comme désolé avant de murmurer :
« Je vous comprend Akira. Je vous comprends mieux que quiconque. »
Il n’avait pas tord, c’était certainement la personne la plus proche d’elle, et en même temps la plus éloignée, c’était un lycan et elle une vampire. Mais à cet instant précis, sa race et la sienne, il s’en foutait pas mal. Alors il se baissa encore jusqu’à être à sa hauteur pour lui murmurer avec attention
« Je suis désolé. »
Quelque chose bloquait sa gorge, quelque chose qui voulait sortir, comme un mot, un geste, que son corps refusait de laisser passer. Alors il se redressa, toussa légèrement et s’inclina en guise de salut avant de se détourner pour se diriger vers la porte. Il eut une légère hésitation, comme s’il attendait quelque chose, avant d’enfin, ouvrir cette porte pour sortir du bureau de la directrice.
Il soupira, il pouvait enfin se détendre. Il ne savait pas pourquoi mais il avait eut l’impression de se retenir, il n’était plus le même quand il croisait la jeune directrice, et tiens d’ailleurs, il aperçut, descendant les escaliers menant à la salle des professeurs, une silhouette familière. Tiens tiens tiens … Un croissant se forma sur son visage, un croissant de dents blanches et aiguisées. Killian. Son ennemi juré.

Dès que celui-ci passa à sa hauteur, Pan l’attrapa par la gorge et le plaqua au mur, sans même lui gratifier un regard.
« Qu’est ce que tu es encore allé raconter ? »
Enfin il le regarda, son unique œil étincelant plongé dans le siens. Killian ne lui répondit pas, c’est normal, il lui pressait la gorge. Dans un mouvement de rage, il le lâcha. Mais avant que les pieds de Killian qui avait soulevé, ne touche le sol, Pan envoya son genoux percuter son ventre, s’enfonçant dans celui-ci. Killian poussa un gémissement de douleur et tomba à genoux, se relevant bien vite
« Viens te battre ! » Hurla t’il
Pan n’était pas d’humeur, alors il se détourna et sortit de l’academy. Se balader, était sa seule occupation. Il n’espérait qu’une chose, que la directrice Akira réfléchisse au geste de Pan. Le lycan semblait vouloir quelque chose… Mais quoi ?



hrp : Voilà rp fini je te laisse le soin de l'archiver quand tu l'auras lu
Je sais c'est court mais j'avais hâte de commencer l'autre xDDD
Sinon, tu peux créer vu que toi je sais que tu te couche tard, la chambre d'Akira et Pan qui sont en colocation, on va pas se demander pourquoi hein XDDD
Enfin bref voilà ma cocotte en papier